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Deux journalistes brésiliens menacés de mort après avoir dénoncé des policiers
Publicado em 19 de dezembro de 2012 em Le Monde
Deux journalistes brésiliens ont dû se mettre à l´abri avec leur famille dans des lieux tenus secrets après avoir été menacés de mort pour avoir dénoncé la conduite douteuse de certains policiers, rapportent des associations de journalistes mercredi 19 décembre.
Mauri Konig, 46 ans, du journal Gazeta do Povo (Curitiba, sud du pays), et sa famille ont quitté leur domicile lundi après avoir reçu des menaces de mort en raison de la publication d´articles sur l´utilisation indue de voitures policières et de détournements de fonds. Les policiers se servaient par exemple de leurs voitures pour aller voir des prostituées, indique un communiqué de l´Association brésilienne de journalisme d´enquête (Abraji), présidée par M. Konig lui-même.
"M. Konig va abandonner l´Etat de Parana [sud du Brésil, frontalier avec le Paraguay] ou l´a déjà fait et il essaie aussi de quitter le Brésil", a déclaré mercredi Guilherme Alpendre, directeur de Abraji. M. Konig est actuellement sous la protection d´agents de sécurité engagés par le journal et ne peut être contacté par téléphone par mesure de sécurité, a-t-il ajouté.
KONIG DÉJÀ PASSÉ À TABAC EN 2000
"Les autorités brésiliennes doivent assurer la sécurité de M. Konig", a souligné Carlos Lauria, directeur pour les Amériques du Comité de protection des journalistes (CPJ), dans un communiqué. En 2000, M. Konig avait déjà été passé à tabac par des policiers paraguayens présumés à la frontière du Brésil et du Paraguay alors qu´il enquêtait sur l´enlèvement d´enfants brésiliens pour qu´ils fassent leur service militaire dans le pays voisin, selon le CPJ.
Un autre journaliste expérimenté du quotidien national Folha de Sao Paulo, Andre Caramante, a dû quitter le Brésil en septembre après avoir reçu des menaces de mort. Il avait indiqué en juillet sur sa page Facebook que l´ex-chef des troupes d´élite de la police de Sao Paulo, la redoutée "Rota", incitait à la violence pendant la campagne pour les municipales d´octobre. L´ex-commandant de la Rota, Paulo Telhada, a été élu conseiller municipal.
La Société interaméricaine de presse affirme que six journalistes ont été tués au Brésil cette année, alors que le CPJ n´en compte que quatre.